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perdu la folie...



PERDU LA FOLIE    

   

          En des nuits sans dormir et sans rêver jamais j’y ai vu des soleils noirs, une lune absente du coup d’œil terrestre et des créatures enfin, à travers lesquelles je passais et qui me transperçaient comme des vents fougueux pour parvenir à échanger des propos d’une toute autre nature que celle dont vous rabaisse votre réalité. Une nature vivante avec laquelle je conversais et qui s’offrait en mille et une fleurs magnifiques, arbres blessés aussi par vos guerres de toutes sortes et qui en prime abord se défiait de moi parce que je puis ressembler physiquement à ce que vous êtes tous et toutes.

         Des arbres ont pris vie qui se sont les uns des autres rapprochés pour s’entretenir et m’offrir des sourires gentils. Sur l’un d’entre eux la sève coulait comme une larme à l’œil que j’ai reçus comme un cadeau et que j’ai rendu pareillement. Des fleurs magnifiques s’ouvraient qui prenaient forme humaine sans tronc aucun et après quelques mots échangés se cristallisaient en mille et une couleurs. Des arbres ensemble ont fait l’amour avec des créatures d’ailleurs et se sont embrassés après quelques efforts difficiles. J’y pressentais des êtres malheureux à qui l’on avait taillés les branches comme on coupe des bras ou comme l’on guillotine des têtes cependant qu’une toute puissance qu’ils avaient su conserver leur permettait d’encore se rencontrer. Après des maux dans tout mon corps et sur les partis de celui-ci, jambes et bras, comme les branches d’un arbre aussi, j’y ai apporté moult caresses avec dans une infinie délicatesse pour ne les gêner point et leur rendre de ma pauvre façon ce spectacle magnifique qu’ils avaient eu la grâce de m’offrir.

         Et puis des êtres abjects qui avaient l’apparence de ce que vous pouvez être dans votre véritable nature se sont manifestés. Des grimaces et sourires narquois à mon encontre, j’en ai vu de toute sorte. Créatures qui semblaient vouloir m’effrayer. J’ai clamé que Dieu et Diable étaient morts et que toute leur laideur ne pourrait suffire jamais à me détourner de leur folie après avoir vu des choses si magnifiques. Les horreurs se manifestaient alors en plus grand nombre et je les approchais de toujours plus près pour les narguer et manifester des discours qui les enlaidissaient davantage encore. Ainsi je me laissais aller à toutes les extravagances, aux propos les plus infâmes, les plus odieux, les plus irrévérencieux afin qu’elles viennent à me cerner. Des soleils dans la nuit apparaissaient puis disparaissaient. J’ai erré deux jours et deux nuits dans un monde d’épouvante à me défier de tout cela.

          Au matin dernier, les visages sympathiques qui avaient pu se présenter la veille devenaient menaçants. Une grande excitation à les défier toujours s’agitait plus fortement encore. Des arbres morts qui avaient connus toutes les guerres ou des soldats devenus des arbres pourris sont apparus. J’ai tenu des propos odieux à tous ceux-là, extrêmement excité par ma frayeur. J’étais près à la hache et au couteau à les enlaidir davantage encore cependant qu’ils me menaçaient de m’emporter dans un gouffre infernal d’où l’on ne revient jamais. Je clamais toujours que le Diable était mort et que Dieu en était son commissionnaire en aussi pitoyable état. J’ai senti des feuilles partout qui brûlaient et annonçaient d’autres souffrances encore pour les amis venus d’ailleurs que j’avais rencontré la nuit précédente. On voulait en entasser partout pour se venger de ma virulence. Alors je suis revenu auprès de mes amis et, notamment auprès de cette rose blanche qui s’ouvrait et grandissait en offrant un sourire de toute splendeur. J’avais sur moi des armes que je laissais tomber et m’en allais vers d’autres prairies prêt à toujours plus de sensations.

          J’ai marché à travers des fougères où j’ai pu y voir bon nombres de créatures étranges. Il m’en reste encore sur le corps des blessures qui commencent à cicatriser. Et des champs de maïs sans fin où les épis s’acharnaient à se travestir en créature humaine comme pour tenter de me reconduire à votre seule réalité. Je suis tombé plusieurs fois et me suis relevé sans peine et sans gêne aucune sans qu’aucune de mes chutes ne suscitent le moindre ricanement. Des gens que tu ne pouvais voir se promenaient et cherchaient des mots d’amour à travers des silences écrasants. Nous nous sommes maints fois rencontrés et dévisagés pour sentir que nul autre vivant de cette réalité ne nous pouvaient connaître.

          Sur un arbre dont j’ai vu se fissurer le tronc n’est plus apparu aucun visage ni larme. Sur une fleur qui m’avait offert un large sourire avec de la difficulté à se transformer les blessures de la chaude saison l’avait meurtrie. Tout s’évanouissait peu à peu tandis qu’enfin tu arrivais. Au soir, tu es allé voir le spectacle des moissons quand je te cherchais partout. Je voulais te convaincre que je n’avais été l’objet d’aucune sorte d’hallucination mais sensible seulement à la vision d’un monde que ton esprit cartésien ne pouvait ni voir ni concevoir de ce fait. Dans la nuit, je t’ais tenue la main. Cette nuit où j’ai bien dormis ; cette nuit où je revenais de loin, de tout, peut-être... Cependant que je garderais à jamais en mémoire cette épisode particulier et terrible fascinant ; prêt à le revivre, à m’y plonger encore et toujours sans drogue aucune, mesdames, messieurs !

Dominique David - 7-08-04   


27/04/2008
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