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Le clonage merveilleux


LE CLONAGE MERVEILLEUX
          N'avez-vous jamais remarqué que la plupart des gens qui ne savent d'ordinaire que tenir une conversation ordinaire n'évoquent en  tout et pour tout, que la vie de leurs enfants, les méfaits qu'ils doivent à leur travail, les maladies diverses qui peuvent les toucher. Sans omettre les intempéries, qui, bien souvent, permettent l'entrée en matière et, bien sûr, la cancanerie et les mesquines préoccupations des voisins qui doivent les placer beaucoup mieux qu'ils ne le sont. Ceci me fait songer que tous ceux-là, outre une certaine mâturité qu'ils ne doivent qu'à l'expérience d'une vie plus ou moins riche et aux responsabilités d'adultes qui peuvent leur incomber, tout ceux-là, dis-je, me fait songer qu'ils ont une mentalité équivalente à celle d'un enfant de douze ans.

          La façade compte systématiquement qui  présente l'avoir comme étant l'être ; et voilà sans doute qui doit donner quelque consistance...

          J'en entends beaucoup parler de leur travail en évoquant de façon très curieuse d'abord les horaires auxquels ils sont astreints. Comme une façon de faire preuve de courage et, d'une certaine façon, de civisme. Parce qu'aller travailler est un acte civique au même titre que celui d'aller voter ! du moins le croient-ils et la crainte d'être considérés comme fainéants les ceinturent dans cet état d'esprit.

          Ainsi, des heures interminables passées au travail est le témoignage d'un seul qui sollicite du respect car elles en font sa valeur. Outre les contrariétés et revendications de toutes sortes qu'on puis trouver à formuler dans une entreprise quelconque et sur lesquelles ils feront l'impasse, n'ayant du reste que très peu d'arguments pour y opposer une résistance quelconque puisque le dressage éducatif en a des êtres passifs, les voilà de temps à autre, rouspéteurs mais sans plus.

          Ils sont tels des fourmis qui se voudraient cigales. Des fourmis laborieuses à qui, pour les rendre plus laborieuses encore, il convient de leur faire entendre qu'elles pourraient devenir cigales à l'exclusive condition qu'ils ou qu'elles suivent ceux qui ont la prétention d'un diriger et gouverner les vies ; c'est-à-dire la liberté, le bonheur et l'amour aussi ! Les fourmis peuvent ainsi se transmuter en cigales dans un monde où tous les genres se trouvent. Et les étoffes,  les parures,le tape-à-l'oeil, la parade peuvent faire que les fourmis aient d'aussi jolies couleurs que les cigales ; toutes leurs vies, absolument toute leur vie se construisent sur cette seule base.

          Ainsi elles courent pour avoir le plus jolie véhicule, magasin roulant, véritable galerie qui fait montre de réussite sociale à tout l'alentour. Les fourmis ou cigales parfois "font construire". Ce qui est là le signe de leur liberté toute entière d'être et de pouvoir s'imaginer libres et heureux, tant que le merveilleux pouvoir d'achat le leur permet. Elles peuvent ainsi chanter à la face et rire au nez de tous, oubliant facilement qu'elles ont pu elles aussi faire partie du bétail hachélèm pour s'offrir le luxe de porter mépris à celles et ceux qui y vivent en y voyant et observant les moindres méfaits.

          Enfin, les fins de semaines arrivées, qu'elles soient haut perchées dans leurs logis ou placées en de vils lotissements ou en confortables et clôturées maisons particulières, elles peuvent boire tout leur saoul jusqu'au repos dominical bien mérité... Elles vivent en effet autour des traditions puisqu'elles tiennent à préserver ce qu'elles nomment pitoyablement leur culture. Ainsi, le lieu d'habitation se pare de futiles et non moins horribles objets, gadgets divers, selon que l'on arrive à la période de Noël, de Pâques, de la Saint truc ou de la Saint Machin.

          De la barbe au cul, les voilà tout à fait ravies de perpétuer des traditions débilitantes prenant soin pour ce faire, ceci étant une grande affaire !! de rivaliser avec le parent ou le voisin. De la pauvre dinde aux marrons jusqu'aux pleurnichades sur les morts lors de la période de la Toussaint, en passant par les salons de jardins (pour les ceusses...) en lesquels on peut se détendre avec toutes les boissons possibles et mets épouvantables de circonstance.

          Elles font jaillir de leurs entrailles des enfants qu'elles font pousser avec cette particularité qui est toute à elles : C'est-à-dire qu'elles mettent grand soin à ce que leur progéniture ressemble atrocement à ce qu'elles sont. Voilà la progéniture qui est une fierté même si, de temps en temps et, bien plus souvent qu'on ne le voudrait croire, la progéniture se voit infligée des injures et des coups. Par ailleurs, elle constitue aussi une sorte de faire-valoir pour mamies redevenues un peu maman, susciter une émotion par un papy viriloïde mais qui a l'oeil sur son monde.

          Lorsque l'indifférence biologique montre un peu d'audace à les détourner de leur conforme, c'est alors à dame médecine ou maladie (car elles aussi se transmutent) qu'elles va s'en remettre. Mais dame Médecine ou Maladie est bien infoutue de lui signifier qu'il conviendrait d'autrement voir dans cette défaillance que le fait de procréer est une assurance conte le second amour propre d'un soi-même qui ne l'est déjà point. Et qu'il est là-bas et même ailleurs, en des pays souffrants, des enfants malades qu'il conviendrait d'adopter plutôt que d'ajouter à leur clonage un lapinisme exaspérant.

          Car donner la vie c'est aussi et ce, de plus en plus, donner la mort. Enfanter les conflits, engendrer les haines, susciter des guerres.

          Les fourmis qui se veulent cigales deviennent folles et les cigales, toujours plus corrompues par toujours plus de pouvoir. Et bien entendu, elles se permettent d'orienter la vie, ces petites cigales de ces petites fourmis qui voudraient tellement, tellement parvenir là où elles sont... Cette soif qu'elles n'arrivent pas à étancher tant elles en boivent et boivent encore. Elles sont saoules et malades. En des produits de substitution au bonheur, drogues diverses, de la télévision à l'alcool, de l'alimentation frelatée à l'énormité de la consommation de ces poisons que l'on ose appelé médicaments. Seul prévaut l'idéal contenu dans l'espoir de gagner une immense fortune, les voilà devenues serviles et retenues par mille et uns dérivés pour tenir encore à peu près debout.

Au rythme de la prolifération, il est dit que d'ici trente années les fourmis-cigales manqueront de riz. Que l'Asie (sur laquelle les USA feront main-basse après l'Afrique) ne saura pas contenir les rizières conséquentes pour y remédier. De savants experts prennent, à mon humble avis, le problème tout à l'envers.Car c'est le phénomène de surpopulation qu'il faudrait ou aurait fallut traiter. Non point s'affoler sur les ressources insuffisantes d'une terre colonisée de toutes les façons par les fourmis-cigales...

          C'est ainsi qu'elles ont pu entendre, là-bas, en Autriche, une espèce de commandeur d'on ne sait quoi et qui se targue d'avoir commis trois enfants, leur signifier qu'elles pourrant percevoir une prime de natalité qui devrait s'élever à 17 000 euros. Quelques fourmis voulant être cigales vont être tentées par la chose. En d'autres pays, comme l'Afrique du Nord, la fourmilière contient des éléments de plus en plus jeunes. Les voilà qui s'en iront s'expatrier où bon leur semblera dans le formidable espoir de devenir cigale.

          En France, de nos jours encore, les fourmis qui ont élevées beaucoup d'enfants comme elles ont pu sont décorées de jolies médailles par un mandataire élu pour ce faire et qui présente la chose en émotion toute protocolaire à laquelle il est soumis. Ce dernier, comme tout un chacun, n'aspirant qu'à profiter de son repos dominical. Ce n'est pas la médaille qui mesure la tendresse ni la récompense de quelque nature qu'elle soit qui évalue la peine.

          Une femme, un chien, une maison, un mari, un voiture, un toit, un ordinateur, un four à micro-ondes, un deux, trois, quatre enfants, un lave-vaisselle, un dévédé, un appareil à ceci, un autre à cela. Un parti ou une religion pour se repérer ou se donner de la consistance lors des causeries et l'espérance toujours en des meneurs pour les mieux guider vers la destruction de ce monde ; de ces gens qui n'ont point l'âme d'enfants mais la mentalité de gosses cherchant un papa dans le gouvernant.

          Non pas celui qui défendra leurs intérêts mais les siens propres ; avec sa cohorte d'ennemis avec laquelle pourtant il sait si bien s'entendre pour tenir en haleine cette fourmilière qui aura encore assez de force pour s'auto-détruire d'elle-même par les propres coups qu'elle s'infligera comme autant de coups de bottes balancées dans la gueule de n'importe quel autoritaire comme nous le montre, avec tant d'ardeur, de délicatesse, et de je ne sais quelle sorte d'acharnement, la radio-télévision.
         
Dominique David.



         

  


04/05/2008
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